Vie d’auteur : Les Mary Sue (ou Gary Stu)

Aujourd’hui on va parler d’un type de personnage principal que l’on retrouve régulièrement dans les écrits des auteurs débutants, les Mary-Sue. Ou leur équivalent masculin, les Gary Stu ou Marty Sue. Ce nom désigne un personnage beaucoup trop parfait (et bien souvent agaçant !), qui est la plupart du temps un alter-ego fantasmé de l’auteur.

Ce terme a pris naissance pour la première fois en 1973 sous la plume de Paula Smith qui a inventé le lieutenant Mary Sue pour parodier des récits de fans de Star Trek ayant tendance à utiliser massivement ce genre de personnage idéalisé pour se projeter dans leur univers favori. Depuis il s’est généralisé car nombre de fanfictions comprennent des Mary Sue. J’avoue d’ailleurs l’avoir moi-même fait dans mes premières potterfictions lorsque j’étais adolescente. On l’utilise désormais pour des personnages dans des œuvres originales que ce soient des romans mais aussi des films, des séries ou des jeux vidéo car les Mary Sue se trouvent partout !

Le problème avec ce genre de personnages est qu’elles sont très TRÈS facilement clichés, lisses, sans aucune nuance ou défaut, au point qu’il semble parfois que l’auteur a simplement cédé à la facilité en l’écrivant. Et du coup elles deviennent très vite insupportables pour le lecteur qui est incapable de s’identifier à elles. Au point de parfois se détacher du personnage et du récit. Ce qui, bien sûr, n’est pas le but que l’on recherche en étant auteur.

Comment les reconnaître ? Les caractéristiques d’une Mary-Sue varient et on peut les retrouver chez des personnages tout à fait classiques. Mais c’est lorsque que bon nombre de ces traits s’ajoutent les uns aux autres que la perfection de ce personnage en devient irritante. Voici une liste non-exhaustive :

  • Elles sont très similaires à leur auteur (âge, sexe, caractère, physique, hobbies, opinions…) mais en version « améliorée ».
  • Elles ont une grande beauté, même si elles ne s’en rendent souvent pas compte elles-mêmes, elles ont nombre d’admirateurs qui les trouvent magnifiques et tombent amoureux d’elle en un claquement de doigt (Exemple : Bella dans Twilight). Elles ont d’ailleurs souvent un détail physique qui les fait sortir du lot. (Exemple : la mèche blanche de Tara Duncan dans la série de romans du même nom.)
  • Même les personnages qui ne sont pas amoureux d’elles, les admirent également énormément et ont un grand respect pour elles. Ça peut d’ailleurs être le cas des antagonistes.
  • Elles ont un sens moral hors norme qui fait d’elles les garantes « idéales » du Bien. Même si ce n’est pas logique dans le contexte où elles se trouvent (condamner l’esclavage à une époque où c’était quelque chose de normal…).
  • Elles ont des défauts mais qui finalement n’en sont pas vraiment ou sont utilisés pour qu’on la plaigne.
  • Elles ont un passé mystérieux ou tragique pour les rendre plus intéressantes.
  • Leurs comportements et leurs actes sont irritants pour tout le monde sauf pour leurs auteurs et leurs personnages.
  • Elles sont d’une grande intelligence, elles comprennent souvent facilement ce que les autres personnages ont raté. Elles ont d’ailleurs toujours ou très souvent raison. Elles semblent aussi connaitre des bibliothèques entières sans jamais avoir ouvert un livre.
  • Elles ont des compétences/pouvoirs spéciaux ou bien plus forts que les autres personnages. Elles sont ainsi capables de se sortir de toutes les situations, quoi qu’il se passe. Et même si elles ratent quelque chose, cela finit toujours par être positif ou par se résoudre d’une manière ou d’une autre. Elles ont aussi souvent des objets ou animaux rares, exceptionnels et/ou magiques.
  • Elles ont une destinée grandiose ou sont les élues d’une ancienne prophétie.

Comment éviter de se retrouver avec un personnage Mary Sue/Gary Stu ?

Première chose essentielle, éviter d’idéaliser son personnage et de se retrouver dans celui-ci. Bien sûr on met tous un peu de nous dans chacun de nos personnages mais n’hésitez pas à leur donner des qualités, des défauts, des centres d’intérêts… différents des vôtres, histoire de ne pas tomber dans ce travers.

Deuxième chose, n’hésitez pas à donner de vrais défauts à votre personnage. Evitez les défauts bien vus façon entretien d’embauche: trop perfectionniste, trop gentil… Ses défauts doivent même le mettre parfois en fâcheuse posture. Et restez cohérent au niveau de son caractère, un personnage timide ne peut pas soudainement se transformer en un orateur exceptionnel du jour au lendemain, il faut du temps et des expériences pour y parvenir. 

Troisième chose, les traumatismes et épreuves qu’il vit ou a vécu doivent avoir des conséquences notamment négatives. Le personnages doit en sortir changé voire même abimé. Même les super-héros ne ressortent pas indemne de leurs combats héroïques. Votre personnage doit avoir du mal à atteindre son ou ses objectifs, ce ne sera pas crédible si c’est trop facile et que l’issue est connue dès le départ.

Quatrième chose, pas besoin de nous dire en large et en travers à quel point il est génial ou le plus fort, ses mots et ses actions parleront pour lui. On oublie pas la règle d’or de l’écriture : « Show don’t tell », montrer plutôt que raconter.

Voilà, avec ça j’espère que ça vous aidera à ne pas avoir des Mary Sue dans vos écrits. Ça n’est pas un écueil facile à éviter mais en y travaillant on y arrive. Pour autant, il ne faut pas non plus se focaliser sur ça au point de rendre vos personnages banals et insignifiants. Il faut un peu de Mary Sue en chacun de vos personnages pour les rendre inoubliables mais point trop n’en faut !

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