Gabrielle d’Estrées a été l’une des favorites et maitresses préférées d’Henri IV pendant près de dix ans. Il souhaitait même faire d’elle la nouvelle reine de France en annulant son premier mariage avec la Reine Margot. Mais la mort prématurée de la jeune femme, à environ 26 ans, probablement d’une éclampsie (même si un empoisonnement a longtemps été suspecté), ne lui en laissera pas le temps.
Le roi portera son deuil en s’habillant de noir, ce qui n’était normalement pas permis pour les rois de France. Il écrira d’ailleurs cette phrase le lendemain de son décès, témoignage de la profonde affection qu’il lui vouait: « Mon affliction est aussi incomparable que l’était le sujet qui me la donne. Les regrets et les plaintes m’accompagneront jusqu’au tombeau. La racine de mon cœur est morte et ne rejettera plus… »
Au départ pourtant le coup de foudre n’était pas réciproque. Si Henri IV tomba sous le charme de la belle au premier coup d’œil, il ne plaisait pas du tout à celle-ci. Blonde comme les blés, la jeune femme a la taille fille et un teint pâle éclatant qui fait ressortir ses beaux yeux bleus. Henri IV, quant à lui, a vingt ans de plus qu’elle, et les campagnes militaires l’ont en plus prématurément vieilli. Sans compter que Gabrielle trouve qu’il sent fort de l’aile et du gousset. Mais finalement, probablement sous la pression de sa famille, elle finira par céder à ses avances.
De leur liaison naitront trois enfants, César, Catherine Henriette et Alexandre. Le roi les reconnaitra tous les trois, même s’ils ne lui succéderont pas.
Durant sa courte vie, Gabrielle aura tout de même eu une certaine influence sur le destin de la France. Les historiens estiment notamment que c’est elle qui poussa le roi à se convertir au catholicisme puis à rédiger et signer l’Édit de Nantes, le document le plus important de son règne.
Pour autant la presque-reine était détestée, autant par le peuple qui la surnommait « la duchesse d’Ordures », que par l’aristocratie, notamment à cause de son train de vie luxueux contrastant avec la misère qui régnait dans le pays. Elle était aussi l’objet de nombreux phamplets moqueurs.
C’est le personnage de Gabrielle qui est à l’origine de La Marquise du Futur. Les favorites royales m’ont toujours intéressée. Ces femmes qui se trouvaient dans l’ombre des grands de ce monde et avaient parfois de l’influence sur le destin de nations toutes entières sans être elles même reines sont en effet fascinantes à mes yeux. Lorsque m’est venue l’idée de faire un roman dans les coulisses de l’histoire suite à l’appel à texte de Gloriana Editions, c’est immédiatement à elles que j’ai pensé. Et en faisant des recherches, je suis tombée sur Gabrielle.
Son personnage, la haine qu’elle provoquait et le fait qu’elle soit à l’origine de l’Édit de Nantes ont éveillé mon intérêt. Très vite, je suis tombée sur le fameux tableau où elle est peinte avec sa sœur, Julienne Hippolyte d’Estrées, et ça a fait clic ! J’ai alors commencé à écrire.
Très vite Gabrielle est devenue , malgré ses défauts, une grande sœur pour Sarah. Comme le livre racontait la manière dont celle-ci arrivait à passer de l’adolescence à l’âge adulte, il était essentiel pour moi qu’elle ait une personne qui soit une sorte de modèle pour elle. Et j’ai beaucoup aimé écrire leur relation.
Elle était aussi un autre outil dans ma panoplie d’auteure pour parler de la manière dont les femmes étaient traitées à l’époque, notamment celles qui avaient de l’ambition. Sarah reste bien sûr le personnage principal de mon histoire mais par bien des aspects Gabrielle en est le cœur.